Ciconia ciconia

Auteur : Carole de Sydrac

Editeur : La Bartavelle

Après quelque vingt ans passés à Paris avec Quentin, son compagnon, Muriel se retrouve seule et choisit de se faire muter en Alsace, région qu’elle ne connaît qu’au travers des médias, de la publicité touristique en particulier. Pour cette ex-enfant de la DDASS, fragilisée par une rupture récente, le choc avec une Alsace en pleine transformation est rude : si, en effet, la région évolue inévitablement vers une modernité somme toute banale, le poids de son histoire lui fait des racines parfois tourmentées, mais solides et bien à elle, alors que Muriel, précisément, souffre d’un manque de racines personnelles.

Pour tromper sa solitude et son sentiment d’exclusion, Muriel fréquente assidûment le zoo de l’Orangerie à Strasbourg, près du Parlement européen. Elle y rencontre des cigognes bien sûr - pensionnaires de la Ville -, mais aussi un lynx dépressif, une charismatique catholique « au grand cœur », un pasteur marié en plein désarroi, un dentiste juif au passé trop lourd pour lui, qui entraînera l’héroïne dans un périple sensuel puis tragique.

Au plus fort de son exil, Muriel va essayer d’ouvrir des cages. Trois cages. Une seule ne se refermera pas. Entre-temps, un enfant sera tué, un homme mourra, un autre suspens commencera…

Dans « Ciconia ciconia », Carole de Sydrac entremêle une ironie souvent redoutable avec un pathétique assez angoissant. Elle a déjà révélé avec succès son humour, son esprit critique et son humanité dans ses trois précédents romans (« Tour-Epurator », « La sœur perdue du moine Philibert » et « Cherche secrétaire aimant Vermeer »), mais jamais elle n’avait autant plongé le lecteur dans le tragique – avec bien sûr, le plus souvent possible, la pudeur du rire.

C’est un roman résolument contemporain. Les personnages sont confrontés au monde d’aujourd’hui, à ses valeurs en hausse, ses valeurs en baisse, à la solitude, au zapping généralisé, à l’Europe… , mais l’héroïne principale, c’est finalement l’Alsace. Rares sont les romans qui essaient de comprendre quelque chose à cette région, sans sentimentalisme folklorique, même si le regard de Muriel, petite française « de l’intérieur », est forcément partial, confrontée qu’elle est à ses manques, à ses contradictions personnelles.

Kaléidoscope de rencontres, d’impressions, de détails justes, de dialogues très vivants : on retrouve avec grand plaisir le style de Carole de Sydrac, cette capacité à monter, mine de rien, un maillage serré de correspondances, de liens, de rapports entre les situations et les êtres, car chez elle tout est symbole, et les apparences cachent, révèlent toujours autre chose…

16,50 €
Parution : Mai 2000
283 pages
ISBN : 978-2-8774-4554-2
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