Le Japonisme architectural en France : 1550-1930
Dans l'esprit des Occidentaux, l'architecture japonisante bâtie en Europe à la fin du XIXe siècle était identique à celle de l'archipel. Mais ces décors monumentaux ou rustiques, présentés dans des paysages exotiques créés de toutes pièces, étaient des architectures mixtes, en partie importées de l'archipel, mais toujours adaptées aux plaisirs des Européens. En effet le succès de ce japonisme architectural n'était autre que la suite de l'engouement qu'avait connu le premier XIXe siècle pour les Folies et les chinoiseries. Pendant plus de trois siècles, les Européens rêvent l'architecture nipponne à partir de représentations diverses figurant sur toutes sortes d'objets supports – laques, porcelaines, mobiliers, gravures, jusqu'aux photographies et aux guides touristiques. Ce livre dévoile la genèse d'un japonisme architectural, né bien avant ce que les critiques d'art de la fin du XIXe siècle ont appelé japonisme et de première importance pour comprendre la "spatialité japonaise" tant appréciée par les Occidentaux au XIXe siècle. Il rassemble aussi pour la première fois dans un même volume les plus célèbres exemples d'architecture japonisante de la fin du XIXe siècle : le premier pavillon de thé installé en France, le célèbre Midori-no-sato d'Hugues Krafft (1885) ; la salle des fêtes de la rue de Babylone à Paris (1896), plus connue aujourd'hui sous le nom de cinéma la Pagode, qui est la première grande oeuvre d'Alexandre Marcel, auteur de la tour japonaise et du pavillon chinois des musées Royaux de Bruxelles et principalement connu comme architecte orientaliste ; les pavillons japonais installés dans le jardin du banquier philanthrope Albert Kahn (1898-1900), dont l'histoire sera révélée grâce à une enquête archéologique hors normes ; des jardins japonais crées par Hata Wasuke, le jardinier des Rothschild et des Camondo ; enfin, la " salle des Cigognes ", construite à l'occasion de la Japan-Brithish Exhibition de 1910 et récupérée par Emile Guimet pour son musée de Lyon en 1911, sera expliquée en regard de la "salle des Cigognes" du temple Nishi-Hongan-ji de Kyôto, modèle à partir duquel elle fut réalisée.