Implacables vendanges
Soeur Blandine, c’est l’autre face de Janus, Philippe Bouin, en l’occurrence. L’autre face d’un fameux talent d’écrivain et de raconteur d’histoires. On a découvert les fastes et les ors de la cour du Roi-Soleil en faisant connaissance avec Dieudonné Danglet — Les Croix de paille —, le fidèle agent secret de Nicolas de La Reynie, le premier lieutenant de police de Paris à avoir été nommé directement par le roi.
Philippe Bouin semble si à l’aise dans le grand siècle, si en osmose avec les personnages qu’il nous fait rencontrer à la cour des nobles comme à celle des gueux, que lorsqu’il a évoqué sœur Blandine et ce désir de revenir au présent, j’étais dubitative…
Quand j’ai découvert cette bonne soeur de Saint-Vincent-de-Paul, Gontrand Cheuillade, Mère Adrienne, et tous les personnages d’Implacables vendanges, j’ai adhéré avec un grand éclat de rire, et une curiosité insatiable pour les prochaines aventures de cette religieuse craquante et absolument hors normes.
D’autant qu’elles se déroulent dans un pays extraordinaire, celui du Beaujolais, des Monts du Lyonnais, du Mont-d’or, de la Dombes, des bords de Saône, où le vignoble s’étend à perte de vue. Cette région, ses habitants, sa langue aussi savoureuse que son vin et sa gastronomie, Philippe Bouin les connaît comme sa poche, et sa plume parvient à nous faire toucher du doigt le bonheur quasi idyllique qu’il y a à vivre dans cette région…
Soeur Blandine, trente-cinq ans environ, est un personnage haut en couleurs, au franc-parler, doué d’un sacré appétit de vivre, à la générosité et à la foi infinies, qui aime profondément son prochain, à l’exception, peut-être, de soeur Guillemette, son souffre-douleur, sa « collègue » infirmière au convent de Saint-Vincent-de-Paul, qui partage avec elle la joie de conduire Titinne, la 4 L formidable qui fait du 60 Km à l’heure sur les chemins vicinaux et les routes du Beaujolais. On découvre son ex-profession —commissaire à la Brigade criminelle — et les raisons de sa vocation tardive au détour d’une page, grâce au journaliste Gontrand Cheuillade, son complice totalement anachronique et fort séduisant.