Mémoires de Montparnasse : Récit autobiographique
John Glassco est né en décembre 1909 à Montréal. Il poursuit ses études à la McGill University, mais il s’y ennuie et interrompt son cursus pour devenir un « poète surréaliste » et connaître la France qui lui apparaît comme « la matrice sensuelle de toute modernité et Paris la capitale artistique du monde ». Il s’embarque pour l’Europe en 1928, à 17 ans, en compagnie d’un ami, autant pour fuir son étouffante famille — son père voulait qu’il soit juge, sa mère évêque — que son pays.
« Buffy » comme il se désigne dans l’ouvrage, vit de la rente que lui verse son père. Le taux de change lui étant très favorable, ils vivent d’abord comme des princes, mais quand la rente diminue, il entreprend de gagner quelques sous en tapant des manuscrits, en posant pour des photos pornographiques, en devenant gigolo. Il se déclare « hédoniste », et raconte avec plaisir ses aventures et ses nuits flamboyantes. Il restera trois ans à Paris, jusqu’à
ce que sa santé se dégrade – en ayant savouré chaque instant de cette vie. Quarante ans plus tard, il construit le récit de sa jeunesse exubérante à Montparnasse, qui apparaît telle une contrée sauvage dont il veut connaître toute la « faune » constituée par les « bohémiens » du moment, en fait l’avant-garde littéraire américaine expatriée sur la Rive Gauche : Hemingway, Joyce, Djuna Barnes, Kay Boyle, Leo et Gertrude Stein, Man Ray et son égérie Kiki - entre autres - sont décrits de manière très immédiate, sans la révérence dont la notoriété les a nimbés… et il y a les autres qu’il croque avec une féroce gourmandise : André Breton, Robert Desnos, Lucien Daudet, Tristan Tzara… L’activité de la Rive Gauche est décrite en détail : les cafés, la vie mondaine, les soirées chez les intellectuels et les artistes comme dans Le Soleil se lève aussi d’ Hemingway.