Sous le ciel qui brûle
« La veille du nouvel an 1954, l'oncle Chinh avait annoncé à sa femme sa décision de rejoindre l'armée populaire. Elle devait se réjouir d'entrer dans le camp de la Révolution - c'était l'éducation qu'il voulait pour son fils et sa fille : qu'ils se battent pour leur pays. Il était leur père, et rien ne lui interdisait de les emmener avec lui - il n'y avait nulle échappatoire.
Le jour de leur départ, dans un mouvement de désespoir, Tuân avait crié en français :
- Vous êtes un monstre, laissez-moi au moins dire au revoir à ma cousine. Son oncle le considéra de son regard glacé et lui répondit en vietnamien :
- Mày là th?ng vi?t gian. (Tu n'es qu'un traître à la patrie. Et il ajouta :) À cause de tes paroles, je la donnerai à un homme qui n'a pas été pourri par l'Occident, même si ce doit être un illettré ».
Si le choix de la langue des colonisateurs fait de Tuân un « traître », il signe également son destin : son amour du français et de la poésie de Gérard de Nerval sera son refuge au coeur des atrocités qu'il va vivre dans un Vietnam exsangue, déchiré par la guerre et la partition.
Ce roman est une navigation enchantée entre les verts paradis des amours enfantines et un présent douloureux, qui convoque les parfums les plus subtils de l'Orient et compose une ode bouleversante à la puissance vitale des mots.