Le Chah du Mahboulistan
Les vastes territoires du royaume imaginaire du Mahboulistan s'étendent quelque part entre la Perse et l'Empire britannique des Indes. Son monarque, Saïd 'Ali Hussein II, Roi des Rois, Point de Mire de l'Univers, Soleil de la Nuit, etc. est confronté à quelques revers de fortune. Ruiné par une cour dépensière et par une guerre funeste avec ses voisins, menacé par le spectre d'une révolution, il décide de se rendre au Frankistan afin d'y contracter un emprunt censé lui permettre de maintenir son train de vie dispendieux.
Il débarque à Marseille puis se rend à Paris. Mais rien ne se passe comme prévu: le potentat oriental étant peu au fait des us et coutumes occidentaux, les quiproquos et incidents hilarants s'enchaînent. En visite à l'Exposition universelle de Paris, il est ébloui par les nombreux bibelots, qu'il commande par centaines. Il découvre également la France officieuse et ses belles de nuit, avec lesquelles il devra en découdre...
Entre-temps, la révolution éclate au Mahboulistan. Sa Majesté se trouve alors l'otage des puissances européennes qui lui dictent les conditions d'un prêt à taux usurier, et doit se résoudre à retourner dans son pays, réduit au statut de roi fantoche, sans pouvoir aucun...
Publiée peu après la Première Guerre mondiale, cette farce d'une drôlerie incomparable est en fait une parodie des moeurs et institutions de l'époque, dont les critiques s'adressent aussi bien aux Européens qu'aux Orientaux. Karagueuz Effendi (qui peut être traduit par «Maître Guignol») est le pseudonyme emprunté par l'archéologue et préhistorien français Jacques de Morgan (1857 - 1924) qui s'est distingué par ses qualités d'explorateur, numismate, égyptologue et iranologue.