Maurice à la poule
Matthias Zschokke se sert depuis toujours de toutes les formes de littérature pour, comme il l'écrit dans Maurice et la poule, « raconter à ceux qui vivent encore comme c'était à l'époque où ils vivaient ». Si ses textes ont Berlin pour toile de fond, ce lieu que l'auteur habite depuis près de trente ans n'est pas tant la métropole à la mode que la scène où des existences sans gloire se croisent et confèrent à la ville un petit reste d'humanité. Le narrateur vit dans le quartier nord, là où débarquent les habitants de l'Est, un quartier déclaré « sensible ». De l'autre côté de la cloison, quelqu'un joue du violoncelle, cela l'apaise, mais il ne réussit pas à dénicher le musicien tant le dédale dans les vieux immeubles est inextricable et grande la peur du vandalisme. Fait de détails, d'esquisses et de fragments, le portrait que nous livre Zschokke de son lieu de vie donne la première place aux personnages un peu perdus qui l'animent, de grands bavards blessés par la vie et pour qui l'auteur nourrit une tendresse sans limites.