Le Syndrome de Fritz
Paris, rue des Thermopyles. Dans un squat d'émigrés, sur le lit défait d'une pièce glacée, un homme écrit à même son drap. Il convoque fébrilement sa mémoire pour recréer sa terre d'origine : la Russie. Cette invocation passe d'abord par le regard du jeune garçon sur une campagne dure, crue, intemporelle, faite de fantasmes et de déchirures. L'enfant obèse, protégé par son arrière-grand-mère aveugle, choisit la posture du bouffon pour affronter sa famille déjantée : un grand-père éternellement soûl, conteur hilare de fables morbides ; un père qui le hait et qu'il cherchera à étouffer de toute sa graisse lors d'une bagarre...
C'est ensuite l'épreuve de l'armée, au fin fond de l'Arctique, un nouveau corps né des frustrations et de l'angoisse, et la découverte brutale d'un monde exclusivement masculin. C'est aussi une langue, âpre, dense, charnelle, où la dérision et l'humour s'unissent au désespoir, et dont les images saisissantes emmènent le lecteur sur les bords d'un gouffre.
Un voyage intérieur, dont le sulfureux louri Mamleev écrit, dans la préface à l'édition russe, qu'il fait pénétrer dans le secret de l'âme humaine - et, tout à la fois, dans la cruauté et la beauté du monde.