L'heure zéro n'existe pas : C'est minuit de la veille
Dès 1975, des jeunes gens venaient à Bienne, près du lac où Jean-Jacques Rousseau écrivit la cinquième promenade, sur son île, en rêveur solitaire. Cela avait pour nom le Foyer d'apprentis de Boujean. Ils venaient ici, placés pour la plupart par des tribunaux de mineurs, suite à des actes qu'ils avaient commis, des vols, des agressions, des fugues. Sombre passé. Lorsqu'il s'agissait d'expliquer les actes commis par ces adolescents, très curieusement, les tribunaux s'adressaient aux experts, lesquels s'adressaient aux parents. Mais le jeune, l'auteur, de sa part on n'entendait rien. Je leur proposai alors, à ces inconscients présumés ou notoires, de représenter avec les moyens les plus simples : du papier, de la couleur, de la terre, un appareil photo, une caméra, un magnéto, ce que fut leur vie jusque-là. Libre à eux de définir le début de leur histoire et jusqu'où elle allait. De représenter les événements importants, parfois répétitifs. De représenter leur entourage. De représenter les atouts et les handicaps. De représenter... Des formes, des images et des sons surgirent à profusion. Qu'en faire ? En place d'un expert, j'invitai les parents et grands-parents qui étaient largement représentés dans les oeuvres. Et ces parents-là, émus par ces créations étonnamment " parlantes ", ont demandé à s'exprimer aussi et de la même manière. Le Foyer d'apprentis était bien loin. L'Espace ART VIF était né. À la Hintergasse était un rêveur solidaire...