Genève. La Suisse est folle
En 1994, les Presses universitaires de Princeton publient un ouvrage intitulé Geneva, Zurich, Basel: History, Culture & National Identity. On demande à Nicolas Bouvier de s’occuper du chapitre sur Genève ; il écrit dix pages dans lesquelles il aborde avec lucidité et non sans humour ce qui a fait la spécificité de la ville, tout comme les grands noms qui ont marqué son histoire. En commençant par la guerre des Gaules, il fait la part belle à tous les « grands thèmes genevois » : rigueur du protestantisme calviniste, banques, pédagogie, botanique, humanitaire...
On y découvre le double visage d’une République qui, au fil des siècles, a tantôt recueilli quelques-unes des plus grandes personnalités étrangères, tantôt rejeté ses plus illustres penseurs ; une République qui, parce qu’elle a toujours été prise dans l’étau de puissances adverses et parfois hostiles, a su se façonner une identité propre ; et où les sciences ont pu trouver un terrain de développement favorable alors même que les arts sont souvent restés en rade.
Sans complaisance mais avec une évidente affection pour sa ville natale, Nicolas Bouvier donne à lire ce qui fait et a fait la singularité de la cité de Calvin, avec ses clichés et au-delà d’eux. Malgré sa brièveté, le texte dresse un brillant portrait de Genève, à même d’intéresser tant ceux qui y résident que le lectorat étranger auquel il est initialement destiné.