Les Pères de l'Eglise et les esclaves
Colloque de patristique organisé par l'association Caritaspatrum des 4 au 6 octobre 2019.
1848 : 170 ans se sont écoulés depuis l'abolition de l'esclavage. On peut s'étonner aujourd'hui de la lenteur de la prise de conscience qui a abouti à cette abolition, mais c'est oublier à quel point l'esclavage a constitué une structure indispensable à la pérennité de nombreux systèmes économiques, sociaux et politiques. L'Empire romain était lui-même largement tributaire de cette réalité complexe.
Les travaux historiques sur l'esclavage dans l'Empire ne cessent de mettre en lumière des paradoxes. Cet ouvrage cherche à éclairer particulièrement les paradoxes qui surgissent de la littérature chrétienne de l'Antiquité Tardive à ce sujet ; si Paul de Tarse proclame « Baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n'y a plus ni esclave ni homme libre » (Ga 3, 28), il prêche aussi la résignation aux esclaves et la bonté aux maîtres (Col 3, 22-4, 1, Ph 1, 10-19) comme s'il n'envisageait pas de pouvoir contester son maintien effectif. La libération de l'esclavage ne peut-elle se concevoir que de façon spirituelle pour le christianisme antique ?
Il s'agira ici de mesurer comment, fils de leur temps, certains Pères ont reproduit les catégories de pensée de leur époque alors que d'autres ont effectivement contribué à l'amélioration du sort des esclaves ; comment certains auteurs chrétiens sont-ils passés de la réflexion théologique à des conséquences pratiques et concrètes (rachats d'esclaves, affranchissements par testament ) ? Des liens explicites existent-ils avec la frange profane déjà prête à ce saut qualitatif ?
Finalement c'est le mécanisme complexe de la participation du christianisme à un changement de société qui sera interrogé à travers cette question.