La navrure
Éclairé par la fiction romanesque, ce que j'ai vécu là-bas [...] a été plus accessible à ma conscience, moins terrifiant. Ma mémoire apitoyée en a fait une aventure paradoxale. Un homme s'éveille dans un hôpital perdu du Bélize en pleine tempête tropicale. Désorienté et fiévreux, il découvre, horrifié, qu'il ne peut plus parler, ni marcher. Pris de violentes convulsions, il délire, plongeant etreplongeant sans cesse dans les souvenirs de ses frasques, de ses amours, deson enfance. Quand il en émerge, c'est pour observer autour de lui un universqui n'a plus de sens. La navrure n'est pas une ode lénifiante à la résilience humaine : le narrateur est en colère, amer, révolté. Mais son regard sur le monde et sur lui-même est aussi empreint d'un humour délicieusement corrosif.