Les Nègres pour jouer les nègres
Editeur : L'Arbalète
Aux personnages de Genet on pourrait dire : " Arrête de faire le Nègre ! ", comme on dit à d'autres : " Arrête de faire le clown ! " En fait, ici, c'est la même chose : Nègre et clown c'est tout un, dans la dérision, le double jeu et la provocation. Ces Nègres-là n'ont pas un nez rouge qui les métamorphose mais un nez noir qui les dissimule d'autant plus qu'il ne se voit pas. Ils jouent à paraître ce qu'ils sont déjà et à être ce qu'ils ne sont pas, clans une confusion plaisante ruais bien faite pour dérouter qui poudrait en finir une bonne fris avec les faux-semblants. Il est toutefois inutile d'attendre de Genet qu'il révèle tout à trac sa position personnelle quant au statut politique et social du Noir. Comme en se jouant, il laisse affleurer ses angoisses et ses désirs, sa violence et ses espoirs de revanche. Le rire des Nègres est désarmant sans doute mais, désarmés, les Blancs - présents sur le plateau à titre d'oppresseurs autant qu'à titre de public - ne sauront plus se défendre c'est bien autour de la cérémonie funèbre de leur anéantissement que la pièce est construite.