La Langue et ses monstres
Editeur : Cadex éditions
Les « avant-gardes » sont mortes, on le sait. Mais elles ne reposent pas en paix. Reste en effet, débarrassée désormais de tout alibi idéologique ou politique, la question de ce que Bataille appelait « les grandes irrégularités du langage ». Car il y a bien, toujours, en littérature, une posture qui consiste à toucher au fond de ce qui nous parle et nous assujettit, une traversée de langue et de pensée dont l’obtuse obstination est de vouloir faire trou dans les croyances d’époque et l’académisme stylistique.
Ce livre tente de dénuder le fil d’une « tradition moderniste » qui serait comme l’arbre généalogique de ce qui s’écrit aujourd’hui en France, hors des demi-mesures intellectuelles et des routines stylistiques. Il propose un parcours au travers de quelques unes des œuvres-clefs de cette généalogie : Maïakovski, Khlebnikov et le Futurisme russe, Gertrude Stein, Burroughs, Cummings, Gadda, Pasolini... Il évoque au passage ce qui se joue de plus crucial chez Ponge, Artaud, Guyotat ou Denis Roche. Il dresse un premier bilan d’œuvres en train de se faire : Lucette Finas, Claude Minière, Valère Novarina, Jean-Pierre Verheggen, Marcelin Pleynet...
Au fil des pages de cet essai, se dessinent des questions comme : qui sont les modernes ? Qui sont aujourd’hui les héritiers de Rabelais, de Mallarmé et de Rimbaud ? Quel est l’enjeu de la passion sonore et rythmique qui travaille le langage dit « poétique » ? Comment lire, comment comprendre ces « grandes irrégularités de langage » ?