Voyage aux Indes
Nicolo de' Conti est un marchand vénitien qui apprend l'arabe en Syrie et le persan en Inde. Il épouse une femme asiatique et s'habille à la mode persane. Il sillonne l'Arabie et l'océan Indien de 1414 à 1439 (Damas, Bagdad, Ormuz, Cambay, Malabar, Ceylan, Bengale, Birmanie, Java...). Il dit avoir séjourné un an à Sumatra, et neuf mois à Bornéo. Sur le chemin du retour (Socotra, côte éthiopienne, mer Rouge, Le Caire), il est contraint, en terre d'islam, de renier sa foi pour sauver la vie de sa femme et de ses enfants. Dés son retour en Italie, il va demander pardon au pape, qui le lui accorde à condition qu'il raconte son périple.
Son récit est alors recueilli en 1439 par le secrétaire du pape, Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, et constitue le IV volume de ses Historiae de varietate fortunae. Circulant d'abord sous forme manuscrite, il a une audience considérable dans les milieux marchands et lettrés italiens, car il apporte pour la première fois des informations plus précises que le livre de Marco Polo sur les îles de la Sonde et celles plus lointaines des épices. Il influence la cartographie de son époque, comme on peut le voir sur la carte génoise de 1447/57 et la mappemonde de Fra Mauro (1459) commandée par le roi portugais dom Afonso V, avant d'être traduit puis édité à la fin du XVe siècle. Il est alors le livre de chevet de nombreux navigateurs et sera utilisé par de nombreux écrivains voyageurs dans la rédaction de leur propre récit, tels Ludovico di Varthema (1510), ou Antonio Pigafetta après son tour du monde sur la flotte de Magellan. Il s'agit de la première traduction en français de ce texte, pourtant un classique de la littérature de voyages, qui permet de mieux comprendre les prémices de l'histoire des grandes découvertes. Elle est accompagnée de la relation de Pero Tafur, voyageur espagnol qui a rencontré Nicolo de' Conti en Egypte et qui éclaire encore davantage le récit de Conti.