Ma vie transformiste
En Afrique Noire, le mot ashawos désigne les prostituées (ou "courtisanes"), mais aussi ceux qui profitent de leurs charmes. Par extension, le terme recouvre l'ensemble des relations considérées comme antisociales. Dans ce deuxième roman, l'auteur de Yamaha d'Alger (Tristram, 1998), influencé par l'art "composite" du peintre Jean-Michel Basquiat, joue avec les règles du roman exotique ou picaresque, qu'il déplie à l'infini. On y traverse plusieurs pays (Niger, Bénin, Togo...), on y côtoie diverses populations (les ashawos du titre, des trafiquants d'organes, de simples touristes, des fonctionnaires, locaux, tous entraînés dans une histoire qui les dépasse), on y passe d'un genre littéraire à l'autre (récit d'un personnage, journal retrouvé d'un autre personnage, enquêtes...), au fil d'une construction très découpée qui assemble de main de maître tous ces éléments en un gigantesque tableau où toutes les parties, tous les détails finissent par donner le sentiment d'être perçus simultanément. Comme dans Yamaha d'Alger, c'est par le biais des portraits, des anecdotes, de la description de la rue, que Vincent Colonna parvient à faire émerger une réalité qui serait irreprésentable par d'autres moyens.