Eurêka
Au sein de la vaste confrérie des admirateurs d'Edgar Poe, il existe une société plus secrète, formée des lecteurs pour qui Eurêka - la moins connue des oeuvres de leur héros - est aussi la plus remarquable.Eurêka est une exception dans l'oeuvre de Poe, une exception dans l'histoire de la littérature, un genre littéraire à soi seul.L'énigme que l'auteur se propose d'élucider - après le Mystère de Marie Roget, le Double Meurtre dans la rue Morgue et l'affaire de la Lettre volée - n'est autre, cette fois, que celle de l'Univers !Car si le détective Dupin n'apparaît pas dans Eurêka, c'est bien d'une enquête qu'il s'agit. Et même de l'Enquête suprême, puisqu'il est ici question d'élucider « l'essence, l'origine et la destinée de l'Univers physique et métaphysique, matériel et spirituel ».Embrassant d'un seul coup d'oeil l'immensité de tout ce qui existe, là où un esprit ordinaire ne percevrait que complexité et chaos, l'intellect génial (et quelque peu surchauffé) de Poe y découvre au contraire une unité, un ordre, un plan. Et dans une intuition fulgurante, il va jusqu'à anticiper ce qu'on désignera un jour comme le Big Bang...En dédiant son chef-d'oeuvre « à ceux qui sentent plutôt qu'à ceux qui pensent », Edgar Poe demandait que l'on accepte de lire Eurêka simplement « comme un roman ».Dans l'émouvante postface qu'il a écrite pour cette nouvelle édition française, le romancier américain William T. Vollmann met un accent inattendu sur la portée biographique du livre.