Après le pas
Divisé en trois parties, ce recueil comprend une cinquantaine de poèmes, d'une écriture extrêmement sobre et dépouillée, qui n'est pas sans rappeler l'ascétisme du travail d'un peintre comme Geneviève Asse, son amie de longue date. Écartelée entre deux langues et deux cultures, Silvia Baron Supervielle conçoit l'écriture comme un art de la distance intérieure : distance par rapport à toute langue, distance par rapport à soi. De cette conscience aiguë d'une radicale étrangeté naît une écriture précise, forte, comme gravée à la pointe sèche. "Sans relâche, écrit-elle, / je dresse / un échafaudage // dont la planche / s'effondre/ après le pas." En cette fragilité voulue, savamment concertée, en cette quête tendue de ce qui vient "après le pas", réside la grâce particulière qui fait la marque de l'oeuvre de Silvia Baron Supervielle.