Albertine Sarrazin. Une vie

"En 1965 paraissent deux romans d'une inconnue, L'Astragale et La Cavale. Leur auteur, Albertine Sarrazin, qui vient de passer huit années derrière les barreaux, y raconte, à mots presque découverts, son existence de " taularde ", puis d'évadée.
" C'est la première fois, écrit Simone de Beauvoir, qu'une femme parle de ses prisons. Elle a, par moment, un ton magnifique, un style saisissant. "En quelques semaines, Albertine est célèbre. Elle n'a que vingt-huit ans, encore un roman à écrire et deux années à vivre.
De sa vie, que sait-on ? Enfant de l'Assistance publique, adoptée par un couple âgé qui fera tout pour lui dissimuler ses origines, fugueuse, Albertine se prostitue, mène une vie errante. Un hold-up raté, à Paris, l'envoie en prison pour sept ans.
En 1957, le jour du Vendredi Saint, elle réussit une spectaculaire évasion, mais se brise un petit os du pied : l'astragale.
Reprise, libérée, de nouveau emprisonnée, relâchée, reprise, elle ne cesse jamais d'écrire. Des milliers de lettres, de poèmes, de billets, de pages de journal, qui seront publiés après sa mort grâce à l'acharnement d'un homme, Julien Sarrazin. C'est lui qui a recueillie la fuyarde ; lui qui, le premier, a été foudroyé par l'élégance de ses mots. Même la mort d'Albertine, sur une table d'opération, en 1967, ne pourra les séparer.

Ce livre est aussi l'histoire de leur amour. Pour reconstituer la vie brisée d'Albertine Sarrazin, Jacques Layani a eu accès à une partie de sa correspondance inédite et à certaines archives privées. Il a rencontré nombre de ses proches, mais aussi son éditeur Jean-Jacques Pauvert, Myriam Anissimov, qui chanta ses poèmes, Paul Lombard, son avocat, et Lucien Clergue, qui eut l'occasion de la photographier. Tous rappellent qu'Albertine n'eut de cesse, sa courte vie durant, de se forger par l'écriture l'identité dont l'existence l'avait privée.