La Vérité sur le marquis de Sade
La vérité sur le Marquis de Sade narre la rencontre de deux protagonistes qui n’est rien moins qu’improbable. Si l’on connaît bien Donatien Alphonse François, Marquis de Sade, et qu’on sait combien il était centré dans ses obsessions, il en va tout autrement de Charles Henry qui, certes, s’intéressa à Casanova, mais juste pour vérifier qu’il était aussi bon mathématicien qu’il le prétendait et dont les sujets d’intervention donnent le tournis, de la théorie générale de la dynamogénie à l’invention du mange-poussière (sorte d’aspirateur avant l’heure). Il n’était pas rare non plus de le croiser élégant comme Velasquez avec son gibus à la Sorbonne dont il était bibliothécaire.
Petit fils des Lumières, de ceux qui biberonnaient l’encyclopédie, les planches gravées, il appartient à l’espèce des Charles Cros, Pawlowski aussi versés dans la littérature que dans l’invention. Qu’allait-il donc faire avec l’exquis monotone comme on pourrait appeler Sade ? Le hasard voulut pour un dilettante heureux comme Charles Henry qu’il entra dans une salle des ventes en possession d’une liasse de lettres de Sade. Ainsi tout a commencé.
Ce texte critique, ferme dans la pensée qui défend pied à pied le marquis et réfléchit de manière limpide sur cette oeuvre avec ce scepticisme heureux, de bon aloi, quasi voltairien tranche avec les envolés des adeptes de Sade. Monstre de la raison a-t-on pu lire souvent que Charles-Henry apprivoise. La seconde partie est formée de documents très intéressants comme « la relation de Hardy sur le scandale d’Arcueil » et tout un roman par lettres autour de sa détention et de son évasion du fort de Miolans. On lira cette jubilante lettre du marquis à son geôlier. Comme il l’excuse, le console de l’avoir laissé s’enfuir et comme il le menace du pire s’il s’avisait de le poursuivre.
Bref un livre extrêmement plaisant à lire et qui nous donne une vue cavalière de ce « Monstre de la Raison. »