A chacun son exil - itinéraire d'un militant libertaire espagnol
Trois quarts de siècle se sont écoulés depuis ce jour de février 1939 où un jeune adolescent se voyait contraint de franchir les Pyrénées pour chercher refuge en France. Ilfallaitcertainementunsacrécouragepour prêterappui aux fugitifs dans la France de Vichy quand on n'a que 16 ou 17 ans, ou pour rejoindre le maquis sous le nom de guerre de « Robert Sans » quand on est à peine plus âgé, ou encore pour pénétrer en Espagne, peu après, l'arme au poing avec un commando qui essuya lefeux des forces franquistes.
C'est encore du courage dont il faudra faire preuve pour s'engager dans la lutte antifranquiste au cours des années soixante quand les jeunes libertaires de la FIJL entreprirent un harcèlement direct de la dictature, ou pour traverser maintes fois la frontière espagnole dans les années soixante-dix afin de « faire passer » des camarades qui fuyaient la répression. L'une des qualités des récits de vie, tels que celui que nous offre Melich, est qu'ils nous permettent d'accéder à des réalités sociales qui échappent généralement au regard des historiens de profession même lorsque ceux-ci s'écartent de « la grande histoire » et s'intéressent à celle des mentalités ou des modes de vie.