Les vins ont un visage
Le visage : la nudité humaine signifiante, l'aveuglante présence de notre prochain, ce semblable si différent. La culture ne le déforme pas, elle le précise. Il n'appelle pas le bavardage, mais l'amitié. Sa rencontre oblige. Pour le vin, c'est pareil : une vie nue, et qui parle. Il émane d'une terre inéchangeable. Son architecture de saveurs figure une sensibilité humaine irremplaçable, sans mensonge. Le mystère est peut-être moins que le produit parle de l'homme que le fait qu'ils aient, tous deux, la même unité sensible, pour ce qu'ils sont deux émanations sensibles d'un même lieu terrestre. Une grave, de vieux ceps, des familles, des savoir-faire, des saveurs élevés ensemble dans des temps longs finissent par assembler des caractères, mêler des traits qui se répondent - trait pour trait.