Herman Melville
Quelque quarante ans après sa mort dans une petite maison de briques rouges, à Manhattan, Melville avait été jeté aux oubliettes de la littérature. Pour ses contemporains, pour l’Amérique entière, l’auteur de Mardi, Moby-Dick et de Pierre ou les ambiguïtés n’était plus que « l’homme qui avait vécu chez les cannibales,» et toute aventure au-delà faisait de lui un fou mystique que l’on préféra ne plus publier.
« En approchant Melville, écrit Donald Miller, Mumford découvrit une âme-sœur dont les dilemmes et les sentiments personnels ressemblaient aux siens. Tout cela accrut l’intérêt qu’il avait à écrire une biographie.» Dès lors, le biographe et l’auteur étudié ne firent plus qu’un, de sorte qu’il est bien difficile au connaisseur de dire si Mumford parle de Melville ou bien de lui-même. «C’est l’importance véritable de l’Herman Melville de Mumford,» dit encore son biographe : une manière d’autobiographie dédoublée, et, paradoxalement, l’expression la plus claire de sa maturité intellectuelle, morale et littéraire.
Lorsque le livre parut, au début de l’année 1929, il fut reçu avec enthousiasme par la critique ainsi que par certains spécialistes de l’œuvre fraîchement redécouverte d’Herman Melville. Thomas Beer, un critique influent, trouva que c’était « la meilleure biographie d’un homme de lettres jamais écrite par un Américain.» Van Wyck Brooks loua « l’interprétation profonde de la vie et de l’oeuvre.» Weaver, son premier biographe : «L’image de l’homme vivant émerge. La biographie de Mumford est vraie, brillante et éloquente.»
Sur le moment, il lui fut toutefois reproché par certains d’avoir énoncé ce qui passerait aujourd’hui pour un truisme : à savoir que Moby-Dick révélait un auteur de la stature d’un Homère, d’un Dante, d’un Shakespeare, ou encore d’un Dostoïevsky.
C’est ici la première traduction française de cet ouvrage.