ANTIMACONNISME CATHOLIQUE
Publié en 1864, ce grand classique de l'antimaçonnisme catholique fut un best seller: 120 000 exemplaires étaient vendus cinq ans après sa parution. La dénonciation de l'Ordre était un genre littéraire bien établi. Déjà, en 1799, l'abbé Barruel avait identifié dans certains maîtres de la maçonnerie les inspirateurs cachés de la Révolution française et du " complot " contre la société chrétienne. Mais le livre de Mgr de Ségur, fils de la célèbre comtesse, qui en était alors à sa 62e réimpression, se trouva en quelque sorte consacré par l'encyclique de Léon XIII qui donnait en 1884, pour la première fois, une base doctrinale aux condamnations antérieures de la franc-maçonnerie par l'Église catholique. L'incompatibilité n'était pas seulement politique mais totale et devait mobiliser les énergies catholiques dans une politique de " défense religieuse " face au cours pris par la " société moderne ". En effet, le Grand-Orient de France lui-même se vantait d'incarner la modernité, tandis que l'abandon de la référence au " Grand Architecte de l'univers " accompagna les lois de Jules Ferry et la laïcisation de l'Ordre celle de la société.