Hourra les morts !
Venu du triangle Chanzy, Faidherbe, Paul-Bert, anonymes rues parisiennes mais bien réels lieux de formation, Franck Venaille restitue ce fragment irradiant du onzième arrondissement de Paris (qui est surtout celui des révoltes ouvrières et des barricades faubouriennes) par l'arpentage intime, sublimé, d'une moderne carte du Tendre ; il en écrit ici l'épopée chahutée, exubérante et noire, qui l'apparente aux danses macabres, aux peintures d'Ensor. A moins que l'humour étrange qui irrigue ces pages ne rappelle La kermesse héroïque ! Mais le lecteur trouvera là tout ce par quoi l'œuvre de Franck Venaille est l'une des plus marquantes de l'époque - le questionnement inlassable et tragique de l'origine et du destin. Ce que dit, par exemple, cet extrait de Hourra les morts ! " Sans fin je m'interrogeais sur ma naissance, certain que la vieille dame saurait bien me faire comprendre l'origine de mes hennissements mes plaintes de collier cette manière d'être différent des autres cavaliers des autres chevaux et leur semblable pourtant...