Musulmanes, musulmans au Caire, à Téhéran, Istanbul, Paris, Dakar : Un monde fait de tous les mondes
Le débat sur l'islam a fini par occulter ce que veut dire être musulman, c'est-à-dire vivre au quotidien la relation à la religion, quelles que soient la pratique réelle et l'intensité de la foi. Comment parler de ce qui relève de l'individu, voire de l'intime, du bricolage, du non-dit, de la fausse évidence, au-delà des conventions et des clichés ? Comment aussi évoquer certains des paradigmes qui structurent la pratique de l'islam aujourd'hui : le réformisme religieux, y compris dans sa forme fondamentaliste, les confréries mystiques, l'islam politique, l'individualisation de la croyance ? Comment enfin parler de modernité, alors que nous n'en avons pas de définition objective ? Nous avons choisi comme sujet le musulman dans la ville, car la ville permet à chacun de se construire son rapport à la religion en jouant sur la multiplicité des références dont elle est la scène. L'orthodoxie dans l'architecture des mosquées, la quête d'une nouvelle tradition dans les choix vestimentaires, les modes universels de consommation, les formes d'art qui épousent ou repoussent le surgissement du religieux, la manière dont les gestes quotidiens sont tour à tour sacralisés ou banalisés. Cinq villes nous ont permis de saisir, sous forme d'instantanés, certaines de ces facettes d'une religiosité en quête d'elle-même : Le Caire, Téhéran, Istanbul, Paris et Dakar. Cinq villes qui, loin de représenter des aires culturelles ou des sociétés précises, tournent autour de cinq paradigmes : la tradition orthodoxe, la modernité, la circulation, le réformisme et l'individualisation de la vie religieuse.