De la paresse des sentiments, suivi d'un petit éloge de la maigreur
Clermont ne demande pas qu’on l’aime. Elle se défie de l’emphase érotique comme des doux épanchements. Elle accueille ses hôtes sans ouvrir grand les bras ; par équité, elle ne réclamera pas leur chagrin au jour de leur départ. Elle passe par pertes et profits les déceptions qu’à son corps défendant elle peut engendrer et ne jalouse aucune de ces villes qui nous font courir le monde pour aller les embrasser. Elle laisse chacun prendre où bon lui semble ses plaisirs, dispenser ailleurs sa tendresse et user à sa guise de sa capacité d’indifférence. Clermont s’accommode d’une certaine paresse des sentiments et possède, plus que toute autre, cette inestimable qualité : l’équanimité.
De la paresse des sentiments fait s’entrecroiser deux territoires : Clermont et des livres qui, de près ou de très loin, ont à voir avec Clermont. Ce texte est suivi d’un petit éloge de la maigreur, en l’occurrence celle d’un ouvrage parmi les plus denses, Les Pensées, de Pascal. Un éloge qui surprendra, tout comme les brefs éclairages apportés par l’auteur sur quelques personnalités, de Quilliot à Bergson, en passant par Vialatte.