La position de Juste et autres récits
Dramatiques pour certains mais jubilatoires pour d’autres, ces six récits mettent en scène, dans des géographies incertaines, des personnages parfois nommés, parfois non, mus par des forces souterraines, aux prises ou en communion avec les éléments - la terre, l’eau, la lande - et avec le monde : Juste, Clara, Martha, l’Adjoint, D... et Lola qui, dans Tes Mains sur moi, entraîne “je” dans un corps à corps inexorable.
La végétation alentour était piétinée. Des bidons, des pneus éclatés, des ferrailles surgissaient du sol. Juste avisa dans la terre un creux qui avait forme de gîte : une grosse bête aurait pu s’y tapir. Il le contourna plusieurs fois. Puis, tournoyant sur lui-même, en des pas de danse et de célébration, s’éblouissant de la clarté lunaire ou de son propre mouvement, il leva les bras, poussa un cri interminable, d’une stridence qui finit par se moduler en un son rauque, et descendit d’un pas leste dans le creux. Il s’y agenouilla, indifférent à la vase comme à la vermine qui ne pouvait manquer de se trouver là, à si courte distance de la rivière. Il demeura longtemps immobile, assis sur ses talons. Il regardait le ciel, comme s’il attendait confirmation d’en haut. Subitement, il s’abattit face contre terre, embrassa la terre, la mordit.