La Guerre, mon père

Hostie, gants blancs, amour, l’ultime degré de la blancheur a entaillé cet août à la manière du laser. Et, pour la petite fille, dans cette église, il n’y avait plus de Dieu. Il m’avait échappé le matin de ma première communion, le matin de l’évasion manquée. Il n’en restait que cette foi : il y aura toujours, quelque part, quelqu’un pour dénouer le lien.

Pouvais-je seulement pardonner à mon père le mal qu’il m’avait fait par sa mort et qui m’envahissait sournoisement ? La Liberté, la France, l’Idée qui avait été plus forte que l’amour ? Un cadavre. J’étais l’enfant d’un cadavre et, de plus, j’étais l’enfant sacrilège.

Marie Gatard raconte comment elle a été brisée par la mort de son père, fusillé par les Allemands pour s’être battu dans la Résistance, puis comment « il a fallu savoir faire avec les morceaux ». Il s’agit de la réédition d’un récit paru en 1978 et qualifié alors de « récit bouleversant » (Le Nouvel Observateur), de « poème d’amour et de mort » (Le Monde).