Abad
Un été de solitude. Après une collecte de graines dans la campagne, il a compulsivement exhumé d'anciens jouets de sa fille, s'est mis en quête de milliers d'autres objets minuscules et a entrepris, dans un coin de son appartement, de déployer une ville, sa ville, Abad. Il en a conçu un certain apaisement. Au moins pour un temps, qu'il a étiré en tenant la chronique de cette cité. Où l'on apprend que cohabitent en paix l'imprimeur turc Ursus Bey et son rival d'Italien, l'institutrice Frau Damler " à ce qu'il paraît alsacienne " et plusieurs couples de négociants juifs-indiens et chinois, le patron du Bar français - un éléphant - et les lapins factieux, les hérissons, les ours, les cochons... Fin de la partie I. Partie il : pourquoi cette utopie qu'il a voulue au bord d'un fleuve, entre mer et désert, quelque part en Orient ? C'est une autre histoire, la sienne. Une détresse : Abad a surgi au bord de son vide, entre ses nostalgies d'enfant et ses colères d'adulte, quelque part où il entrevoyait un refuge. Illusion. " Même à Abad, il y était sans y être. Il avait cru possible de parvenir, un jour, à prendre possession de sa vie. Il savait désormais que c'était un leurre. Que toutes sortes de gens ne faisaient, à cet égard, que semblant, même au jour de leur mort. Qu'en irait-il, ce jour-là, pour lui ? "