Derniers paysages avant traversée
Nous marchos souvent sur la neige. Nous apprenons à ne pas tomber. Puis un jour, à cause d’une lâcheté dans notre regard, nous sentons toute la profondeur qu’il y a dessous. Nous comprenons que c’est l’eau qui porte nos pas et que cette eau est celle des larmes qui ne sont pas venues jusqu’à nos yeux. On voudrait sentir la terre sous l’épaisseur glacée. On voudrait tout pleurer d’un coup ; les larmes d’une vie passée à sourire sans bonheur.
J’ai renoncé à changer de nom. Je suis parti à Lisbonne pour le cloître de Belem, le fado et les syllabes chuintantes ; pour l’ennui et la lumière délicate sur les statues du palais Fronteira. Mes cheveux ont recommencé à pousser. Je suis rentré chez moi, au bord du lac. Il s’était écoulé douze jours.