Un véritable naturalisme littéraire est-il possible ou même souhaitable ?
Editeur : Pleins feux
Jonathan Coe et Will Self, qui appartiennent à la même génération et se sont imposés depuis une bonne dizaine d'années comme deux figures emblématiques de la scène littéraire britannique, se connaissent et même se reconnaissent mutuellement, se lisent et, au moins au sens littéral du terme, s'apprécient. D'où l'échange auquel il nous a été donné d'assister, un échange amical et courtois, mais sans concession, où il ne s'agissait certes pas de blesser mais résolument de contrer. C'est bien le souvenir que j'ai gardé de cette soirée, souvenir aussi marquant que celui des deux lectures, si différentes, qui l'ont ouverte : celle de Will Self, proférant son texte de toute sa puissance physique, martelant les syllabes jusqu'à ce qu'elles sonnent comme peut sonner le macadam sous les semelles cloutées, les nuits de rage; celle de Jonathan Coe, tissant délicatement l'ironie sous-jacente à un extrait de Bienvenue au club sur une mélodie subtile qui vous précipitait aussitôt dans une illusion confortable de fauteuil-club en cuir, à l'heure du quatrième single pure malt.