Errance et solitude chez les jeunes
Aujourd'hui, l'errant et le solitaire possèdent plusieurs visages, sans aucun doute trop nombreux pour être résumés à travers quelques cas de figure. Jeunes fugueurs, délinquants, endeuillés ou routards semblent tous partager un lien intime avec l'errance et la solitude, qui apparaissent alors à la fois comme un refuge et une solution face à l'inconsistance du lien social - et relèvent, par là-même de rapports renouvelés à l'espace et à l'autre. Des risques de dérives guettent la plupart de ces jeunes. Alors que, dans certains cas, l'errance et la solitude peuvent participer positivement à la construction identitaire du sujet contemporain, elles peuvent aussi exprimer une instabilité passagère, délimitée dans le temps, parfois vécue avec une douleur significative. Elles nous rappellent par le fait même que le temps de la jeunesse est un temps de passage, pendant lequel les questions fondamentales de l'existence se posent à tous et à chacun : «Qui suis-je ? Où vais-je ?...» Des anthropologues, des psychologues, des intervenants sociaux se sont réunis à Strasbourg le 15 décembre, pour échanger point de vue théoriques et expériences de terrain. Cet ouvrage, qui rend compte de cette rencontre, n'est pas centré sur les seuls cas médiatisés - et stéréotypés - des groupes de jeunes sans domicile, ou des adolescents reclus dans leur isolement. Au contraire, la réflexion s'ouvre à des configurations plus subtiles, où s'exprime cette problématique de l'errance et de la solitude. Ainsi, les voyages de rupture, l'exil, les rites de deuils, les enjeux de la modernité, les sentiments de vacuité et de désoeuvrement, etc., sont autant de thématiques qui permettent d'affiner l'analyse. Ce livre est donc destiné à tous ceux, politiques, intervenants sociaux, mais aussi parents, que cet aspect particulier de l'adolescence intéresse.