Repas sauvage
Les poèmes de Repas sauvage invitent à une célébration païenne où langage, sens et humeurs corporelles semblent brassés en un même magma. La métaphore récurrente du repas vient à créer une sorte d'injonction violente, dont on ne sait si elle s'adresse au lecteur ou à l'auteur lui-même, qui joue à multiplier les points de vue d'énonciation, en oscillant entre aspiration métaphysique et expression plus crue, plus sanguine.
La figure de l'autre se fait jour peu à peu, là encore sans que l'on sache précisément s'il s'agit d'une présence féminine ou d'un double abhorré, qui surgit sous la parole, en dehors de toute conscience propre ; l'identité fuit sans cesse, à mesure que se disloquent le je ou le moi. Le flux poétique progressivement se hache et prend la forme de vers courts, disjoints sur la page, qui traduisent le questionnement du poète.
Ne restent alors que les oripeaux de ce banquet dionysique...
Préface de Hubert Haddad.