Paroles d'argile : Un irakien en exil
Ecrits à vif au moment où se préparait la guerre, voici une dizaine de textes, conférences, articles, parus dans la presse arabe, discours prononcés aux parlements de Paris et Strasbourg. Jabbar Yassin Hussin nous montre, outre la condition de l'exilé, l'improbable retour de ceux dont l'Histoire a coupé les ailes. Ecoutons Edgar Morin : Jabbar l'exilé est devenu un étranger, même dans cette patrie refuge, la France, où il incarne un Orient étrange et mythique. Même dans les pays arabes, il n'est plus au premier abord reconnu comme arabe. L'Irak des trente années de dictature lui était devenu étranger, mais au profit d'un Irak profond où son âme a pris racine. C'est cette racine mésopotamienne profonde de l'Histoire humaine qui pour l'âme de Jabbar irrigue, identifie et justifie l'Irak d'aujourd'hui. Dans le désarroi de Jabbar, dans le tumulte de ces heures, la nature même de l'exil se déchire, se dévoile. Mais l'auteur du "Lecteur de Bagdad" témoigne aussi pour les siens, contre l'effacement de l'Histoire, pour la parole réappropriée, pour l'humanité en somme, se faisant le porte-voix d'une culture anéantie par la dictature, les bombardements et les pillages.