Joseph Kerkhoven
Editeur : Mémoire du livre
Joseph Kerkhoven constitue le troisième volet d'une trilogie (dont les deux premiers volumes sont L'Affaire Maurizius et Etzel Andergast) conçue par Jakob Wassermann comme son grand œuvre : à la fois critique de la société contemporaine et analyse de l'être humain. Malade, ruiné, traqué, persécuté par les nazis, Wassermann termine Kerkhoven en octobre 1933 et envoie le manuscrit à son éditeur et ami Fischer, qui, par crainte de représailles, le refusera. L'écrivain se résigne à le confier à l'éditeur hollandais Querido. Wassermann meurt le 1er janvier 1934. Joseph Kerkhoven paraîtra après sa mort. Il est facile d'imaginer, à suivre ce tourbillon, sinon cette espèce de chasse à l'homme, que Wassermann se soit complu au portrait d'un médecin, Kerkhoven, qui fait de la folie sa principale étude. Il paraît logique qu'un créateur comme Wassermann ait voulu décrire la folie du monde non seulement par le cas exemplaire d'un traitement - celui de l'écrivain Herzog que Kerkhoven soigne et délivre d'un passé douloureux et obscur - mais par son expérience intime même. C'est du fond de cet abîme qu'on croit deviner que Wassermann a perçu ou distingué le commencement d'une réponse à la condition humaine. Artiste total qui assume à lui toute l'humanité.