Nationale 7 - Un road-trip à la française
A l'automne 2007, Charles-Albéric d'Hardivilliers et Matthieu Raffard sont repartis en voiture de Paris à Menton. Attirés par les grands espaces et les existences infimes, ils ont cherché à réaliser un voyage sans exotisme : un chemin, un itinéraire, une errance. Nationale 7, une vieille star des années 1950, des congés payés et des grandes vacances : l'enfance des Parisiens qui mettaient douze heures pour atteindre la Côte-d'Azur. Un itinéraire en train de disparaître sous le tracé de l'autoroute A6. C'était exactement ce qu'il leur fallait : du souvenir, de l'amertume, ainsi qu'une touche d'inutilité. Ils sont partis sans idées préconçues et ont voulu sentir cette route pour revivre l'épopée de Kerouac. Entre l'euphorie du chemin parcouru et l'étourdissement de la nouveauté, entre la réalité et les rêves d'Amérique, ils ont traversé la France en roulant sur la route 66 de leur imagination. C'était comme s'il y avait eu de vieilles Cadillac, des pompes à essence Texaco et de vieux juke-box qui crachaient du Charlie Parker. Les deux anciens de Penninghen ont uni leurs talents pour réaliser une véritable oeuvre graphique, qui comprend notamment la création de lettrines et de polices. A Charles-Albéric d'Hardivilliers est revenue l'écriture des portraits entre le documentaire et la fiction, dans la lignée de Raymond Carver. A Matthieu Raffard, qui a créé la maquette de la collection La clé des champs, sont revenues la composition des panoramiques et la réalisation des portraits noir et blanc et des photographies de reportage sur la route elle-même, dans la lignée de Raymond Depardon. Couple de motards, patrouille de gendarmes, tenancière d'un relais routier, barman, habitants, pizzaïolo, agricultrice, camionneur, ce sont tous les acteurs aujourd'hui dans les coulisses de l'ancienne route des congés payés qui ressurgissent, un brin nostalgiques, dans le décor désert de cet axe abandonné.