Les dominos : la roue des pouvoirs
Il était une fois… un pays où on interdisait aux gens de vivre au-delà d’un certain âge, à moins qu’ils n’achètent le droit de se prolonger. S’organise alors un négoce entre les riches qui veulent vivre plus longtemps et les pauvres qui aspirent à vivre mieux… Il était une fois un palais où un gouverneur régnait sans partage, n’hésitant pas à recourir à la force brutale pour se maintenir au pouvoir…
« Si la règle de tout système autoritaire est la centralisation, sa tare principale est la paranoïa », qui porte les germes de l’autodestruction de toute dictature. Se met lentement en place, stigmatisé par la suspicion et le contrôle accru des personnes, un réseau de résistants qui se cristallise en une double force d’opposition. Opposition intérieure, portée par des fonctionnaires d’État que ce surcroît de surveillance oblige à sortir du rail de leur fonction administrative. Opposition extérieure, clandestine, façonnée dans la séculaire marginalité d’hommes libres et prêts à tout pour le rester.
C’est l’articulation entre ces deux forces d’opposition que Michel Kern analyse dans la lente et inévitable montée du contre-pouvoir, jusqu’au renversement (très propre) du dictateur. Mais il montre aussi que cette « machine à prendre le pouvoir » se substituant à la « machine à broyer » de la dictature, n’est pas une solution suffisante pour assurer l’installation d’une véritable démocratie, les ex-clandestins demeurant des hommes libres, échappant à toute organisation d’État.
C’est peut-être la conclusion que suggère Michel Kern, que tout pouvoir qui se structure, dans le même temps se fige, et va à l’encontre de la vie : le mouvement, la transformation, la création, l’invention…, portés par l’imagination de ceux qui pensent et font de cette pensée une permanence de la résistance (et du contre-pouvoir potentiel).