Salsugem 1978-1983
il voulait être marin courir le monde
en suivant la route des oiseaux côtiers les mains ouvertes les lèvres écorchées par la vision des voyages
il aurait emporté dans ses bagages la chanson somnolente des vents
et l'attente sans fin du pays effrayé par les eaux
il s'est penché de l'autre côté du miroir
où le corps devient diaphane jusqu'aux os
la nuit lui a rendu un autre corps qui navigue
dans l'abandon d'un secret retour... ensuite
il a conservé la passion des jours lointains dans le sac de toile
et du fond nostalgique du miroir
les yeux de la mer ont soudain surgi
des bulots grandissaient sur ses paupières des algues fines des méduses lumineuses se mouvaient à portée de voix
et sa poitrine était l'immense plage
où les légendes et les chroniques avaient oublié
squelettes énigmatiques insectes et métaux précieux
un filet de semence nouait son cœur envahi par le varech son corps se séparait de l'ombre millénaire
s'immobilisait dans le sommeil antique de la terre descendait jusqu'à l'oubli de tout... naviguait
dans la rumeur des eaux oxydées s'accrochait à la racine des épées
allait de mât en mât scrutait l'insomnie
jetait des feux acides sur le visage incertain d'une mer