Angle mort : Le livre de la cambuse
Au milieu de ces jours crépusculâtres, il y a l'euphorie qui se recroqueville, qui s'encarapace, hors de portée, dans sa gangue de malheur. Et alentour éparses, il reste des bribes d'exubérance, mais brûlée, cendreuse. Je suis dans la pénombre de la cambuse, la quarantaine plus que sonnée, je pense des fois à Perros, qui ne suce plus sa bouffarde. La verrulence depuis quelque temps est en veilleuse, ce qui me procure ce qu'il faut de calme plat : j'ai le loisir de m'occuper de ma chronique qui est la chronique des grands soucis et des petits soins, c'est ça, d'un côté les questions de bassine et de balai, de l'autre sans répit la basse continue du glissement. Un homme organise sa vie (sa survie plutôt) dans un espace clos qui ressemble à une capsule hors du monde. Les petits soucis d'une vie quotidienne désespérément monotone viennent rythmer quelques grandes questions métaphysiques pour créer une situation à la fois burlesque et dramatique. L'auteur, confronté à une situation personnelle douloureuse, a commencé son récit le 26 avril 1986. Il ne savait pas alors que c'était le jour de Tchernobyl...