Mikhaïl
Léon Tolstoï (1828-1910), socialiste ardent, ne voulait pas que sa production littéraire fût réservée aux classes supérieures de la Russie. L'illustre auteur de Guerre et Paix, d'Anna Karénine, de La Sonate à Kreutzer et tant d'autres chefs-d'oeuvre écrivait donc à l'intention des paysans et des pauvres, des contes qu'il faisait imprimer de manière économique et distribuer pour quelques kopecks. Mikhaïl est l'un de ces textes trop peu connus. L'histoire, ou plus exactement le conte fantastique de ce jeune homme abandonné qu'un pauvre cordonnier rencontre nu sur son chemin, habille et recueille, et dont les bienfaits surnaturels changeront la vie, est une des plus émouvantes illustrations des convictions philosophiques de Tolstoï, qu'on désigna sous le nom de Tolstovo. Son amour mystique de l'être humain y éclate encore plus que dans ses textes les plus célèbres. Et sa vision proprement révolutionnaire du christianisme, celle-là qui lui valut d'être enterré sans les rites, y est le plus clairement décrite. Il nous a donc paru important d'en rappeler l'existence aux admirateurs de l'immense écrivain qu'est Léon Tolstoï.