La vie descriptible de Michel Foucault
Editeur : L'Unebévue-éditeur
La parution du livre de David Halperin Saint Foucault, Towards a Gay Hagiography fut un événement aux États-Unis. Inédite en français, sa troisième partie La vie descriptible de Michel Foucault vient compléter Saint Foucault publié aux éditions EPEL.
Foucault l'avait écrit : « les procédés disciplinaires [...] abaissent le seuil de l'individualité descriptible et font de cette description un moyen de contrôle et une méthode de domination. [...] Et cette descriptibilité nouvelle est d'autant plus marquée que l'encadrement disciplinaire est strict : l'enfant, le malade, le fou, le condamné deviendront , de plus en plus facilement à partir du XVIIIe siècle et selon une pente qui est celle des mécanismes de discipline, l'objet de descriptions individuelles et de récits biographiques. Cette mise en écriture des existences réelles n'est plus une procédure d'héroïsation ; elle fonctionne comme procédure d'objectivation et d'assujettissement ».
Que Foucault lui-même soit devenu, surtout après sa mort en 1984, « l'objet de descriptions individuelles et de récits biographiques » n'a donc rien d'ironique. Il s'agit plutôt d'un retournement inéluctable, dont David Halperin dégage la logique foncièrement politique.
En soulignant qu'il n'y a rien de personnel dans la subjectivité, Halperin replace la « mise en écriture » d'une existence déviante dans l'arène politique et tire de la biographisation de Foucault une leçon des effets de pouvoir sur tous ceux - le délinquant, le pervers, le pauvre, la personne de couleur, la femme - que la société moderne peut qualifier d'anormaux.