DES BUREAUX MINISTERIELS A LA BOUE DES TRANCHEES
Lorsqu'il est mobilisé au début du mois d'août 1914, Pierre Roland-Marcel est sous-préfet de Pont-l'Evêque, dans le Calvados. C'est un jeune et brillant haut fonctionnaire, républicain dans l'âme, qui vient de passer quatre ans dans les cabinets ministériels, qui a une haute idée de la France et de la République. C'est aussi un homme de lettres, pour qui écrire est comme une seconde respiration. Dès le début de la guerre, comme beaucoup d'officiers et de soldats, il note sur ses carnets son vécu, ses impressions, ses réflexions, et y dévoile une âme tourmentée : aussi bien au front, où il sert comme capitaine dans différents états-majors, en Argonne, à Verdun, en Lorraine, qu'au ministère de la Guerre sous les ordres du général Gallieni. Ses carnets offrent un double regard sur la guerre : celui du soldat sur le quotidien du front dans la boue des tranchées et sous les bombardements, au milieu des hommes qui souffrent, et celui du politique, parfois sans concession et très critique, sur les hommes du pouvoir et les chefs de l'armée, sur leur manière de conduire la guerre, sur l'arrière, sur l'attitude des alliés et de l'Allemagne. Les carnets de Pierre Roland-Marcel apparaissent comme un document historique exceptionnel, dont la qualité de l'écriture fait en même temps une oeuvre puissante.