La Persistance du froid
" Trop tard, ou bien ça n'a pas encore commencé, le Grand Générique a défilé sans s'interrompre - le temps d'y trouver son nom, nous voilà déjà mort -, qui annonçait par avance l'odeur des continents et des pelages, le goût des grandes jeunes filles et la mélancolie pensive de leurs enfants, un instant, sous un soleil de septembre, ce Programme peuplé de promesses encore neuves, emballées de peau humaine, sa liste entière de jeux de circonstances dont il fallait connaître la règle, le nombre exact de corps et de textes à déchiffrer, cette nomenclature trop somptueuse pour un seul homme, faite d'animaux, de végétations, montagnes, océans, oeuvres, pensées, beautés, sentiments, sensations, tout cet index qui enveloppe en un linceul de papier journal le cadavre d'un saumon à peine adulte reparti vers l'Origine mais retrouvé mort, un samedi soir, sur la glace d'un étal de poissonnier. " Cosmonaute déchu, actrice de télévision, soldat déserteur ou pianiste de jazz, La Persistance du froid escorte ces trajectoires et quelques autres. Et le prophète du coin de la rue tel le majordome d'une arche de Noé, de sa voix, scande d'allégorie leur passage.