26 secondes : L'Amérique éclaboussée
22 novembre 1963 : John F. Kennedy est assassiné à Dallas. À l’aide d’une caméra Super 8, Abraham Zapruder filme l’événement et l’explosion du crâne du président.
Vingt-six secondes au cours desquelles l’Amérique bascule. Ce film spectaculaire, censé détenir la vérité d’un événement dont les exégèses s’avéreront inefficaces, porte alors un coup fatal au principe de transparence sur lequel est fondé le cinéma hollywoodien classique. C’est toute l’idéologie du visible, supposant l’adéquation parfaite entre la visibilité et la compréhension, qui se trouve remise en question.
Rapidement, le film de Zapruder devient l’emblème d’une innocence perdue et l’un des foyers majeurs de l’histoire des images au XXe siècle. Il contraint ainsi le cinéma américain à nventer de nouvelles formes, repérables aussi bien dans les films d’Arthur Penn, de Brian De Palma et de Clint Eastwood que dans le film d’horreur réaliste, dont il fut l’incontestable source. Quel rôle le cinéma a-t-il joué depuis, dans la fabrication de l’histoire américaine et de sa mythologie ? 11 septembre 2001 : les deux tours du World Trade Center s’effondrent, sous les mille yeux des caméras de télévision. Un cycle s’achève. En quoi ces deux événements sont-ils jumeaux ? De quelle singularité américaine sont-ils dépositaires ?