Sonny Rollins
Premier ouvrage au monde à avoir été consacré à Sonny Rollins (en 1997), l'essai de Maurizio Giammarco reste le plus important qui ait été, dans la bibliographie jazzistique, dédié à l'auteur de The Bridge et St Thomas. Il est le fait d'un musicien italien jeune encore, et de première force, « tombé en Rollins » durant son adolescence, n'ayant jamais basculé pour autant dans l'aveuglement ou la célébration béate. Remarquablement informé, jamais hagiographique, l'ouvrage de Maurizio Giammarco sait comme peu faire écouter. Moments d'analyse tenus sans technicité - fermement mais limpidement. Marches historiques précises pour dire le parcours mouvementé puis assuré d'un maître de musique, d'un nouvel inventeur du saxophone ténor pour qui, de toujours, la musique est l'instance première de la méditation - d'une vitale transformation, quotidiennement jouée. Mise en perspective exacte d'une réalité point si évidente : Rollins, à sa façon singulière, solitaire, superbement affirmative, a totalement bouleversé le dire du jazz, sa discursivité, l'idée même du solo, la morale de l'improvisation. Ce jazz dont il est, aujourd'hui, la dernière légende. Absolument vivante.