Tout dort en paix sauf l'amour
Le narrateur sort de l'improbable abbaye où il avait trouvé asile dans le livre précédent pour rejoindre à la fois son enfance et trouver un refuge pour sa famille dans un monde en guerre. Il quittera ainsi les brumes de l'Atlantique, pour celles de l'île de Walcheren, au sud-ouest des Pays-Bas. On ne s'étonnera pas que des fantômes surgissent, ne sont-ils pas en nous les marques vivantes de ce qui n'en finit pas de disparaître ? On ne s'étonnera pas que le narrateur soit aussi vivant que mort, aussi présent qu'absent. Dans une attention flottante, une écriture flottante. Tout dort en paix, sauf l'amour est construit sous l'apparence d'un désordre où affluent les souvenirs, les idées, les états de conscience et d'inconscient, par épisodes farfelus, poignants, érotiques, romanesques... Une écriture libre et poétique, diverse et discontinue, à l'image de la vie. C'est peut-être pour cela que ce livre est celui qui est sans doute le plus évident - et pourtant si complexe - de la série. Attendre et écrire sont les seules choses à faire dans ce qui, autour de nous, change sans nous. Claude Chambard a engagé, il y a dix années, un projet en douze volumes intitulé Un nécessaire malentendu. Ces volumes sont douze façons d'entrevoir ce que la langue, la poésie, la prose, peuvent transformer dans l'histoire la plus banale qui soit. La vie, l'amour, la famille, les amis, la mort, la littérature...