Fenêtres : Open Space
Tous les jours, le métro parisien - ainsi que dans toutes les grandes villes du monde - transporte par milliers, son flot de voyageurs. Parmi eux, sur la ligne 2, en partie aérienne, une femme note sur son carnet, quotidiennement, des bribes du paysage urbain qui défile continuellement derrière les vitres. Ce trajet rythmé par des séries de fenêtres d'habitation ou de bureaux lui permet de saisir une part d'humanité : une femme sur son balcon entre la lessive et une parabole, un homme qui boit son café au soleil... Tout est une question de regard. Entre Colonel Fabien et Barbès, avant que le wagon ne redescende sous terre, noter chaque matin ce qu'on voit en choisissant une fenêtre. Noter ce que la ville fait surgir, fenêtres aux cadres qui se succèdent, se chevauchent ou s'emboîtent, paysage où il faut à toute force aller chercher ce qui bat, ce qui pause, ce qui donne de l'air pour supporter ce que la contrainte rétrécit en nous, ce qu'elle épuise... Puis de Barbès, lire jusqu'à Courcelles. Mercredi Derrière une fenêtre, à Jaurès, est suspendu un fil. Épinglés le long de ce fil cinq rectangles de papier, ou six, dont nous ne voyons que le dos. S'agit-il de photos qui sèchent à notre barbe, de recettes de cuisine, de mots d'amour ? Ou encore de factures, de partitions, de menaces ? De mouchoirs rêches, d'esquisses ? Je penche pour des rideaux pris au second degré.