L'imagier du diable
[...] On ne saurait évoquer la cruauté chez Anne Van der Linden sans citer Bosch ou Goya. Certaines scènes chez l une (« Les Barbecues ») renvoient à l évidence à d autres scènes chez les autres (« L enfer » et « Les cannibales »). Même absence de dramatisation dans la description de ces agapes de viande humaine, la tranquille horreur qui perd même ses attributs horrifiques qui la rendent « acceptable » (car nous sommes physiologiquement programmés à voir associé à ce que nous trouvons horrible un ensemble de signaux qui provoquent une panique issue de réponses hormonales, alors que le paisible associé à l horreur créé une sidération, une fascination, qui traumatise). Cependant, l ambiguïté sur le sens à donner aux visions « cruelles » est considérablement plus puissante chez Anne Van der Linden, et le regard ne se lasse pas de scruter (en vain) une sémantique à ce qui n en réclame pas, à ce qui se comprend avec des zones affectives auxquelles le néo-cortex n a pas accès, comme tout ce qui se ressent de plus intense dans l existence (attachement, passion, désespoir). [...] d kelvin [...] Comment ne pas voir dans la peinture d Anne van der Linden la mise en scène d un suicide organisé, un repas familial qui tourne au tragique, un festin aux âcres parfums de lices, une fabrique d allures peinturées sur d imprenables vues du plus banal des quotidiens ? Crasse et partouze. Corps de suppliciés et scènes de ménage. Spectacles rocambolesques dans les décors de la vie de tous les jours. [...] Charles Pennequin