Pourquoi se soigne-t-on ? : Une esquisse philosophique de l'observance
Comment décidons-nous de suivre, ou non, des recommandations médicales, par exemple de prendre les médicaments prescrits, de suivre un régime, d'avoir une activité physique régulière ou d'arrêter de fumer ? Pour la première fois ici, le problème crucial de l'observance thérapeutique est abordé au fond, en essayant d'en comprendre les mécanismes. Ceci revient à se demander comment nos croyances, nos désirs et nos émotions interviennent dans nos choix. En faisant appel à la philosophie analytique de l'esprit, dont c'est une des ambitions, il devient possible de décrire ce que nous faisons vraiment quand nous nous soignons : nous préférons une solution dont la récompense est lointaine à un plaisir immédiat. Cette réflexion conduit à proposer qu'un tel choix " intertemporel " peut être orienté par l'existence d'un principe de prévoyance qui nous conduit, lorsque nous l'avons, à accepter de nous soigner, nous enjoignant de donner la priorité à la vie. Dans la dernière partie de cet essai, l'observance est considérée dans un cadre général dépassant le strict domaine médical. Cet essai se conclut sur l'hypothèse d'une apparition progressive, dans l'histoire de la vie, de la capacité d'observance, présentant un avantage d'un point de vue évolutionniste. Le développement d'un principe de prévoyance, devenu non seulement possible, mais aussi nécessaire du fait de l'émergence de la rationalité, en serait l'aboutissement et représenterait ainsi un trait essentiellement humain.